Black Friday, Noël, les soldes … autant d’occasions de faire « des bonnes affaires » et d’acheter toujours plus. En parallèle, des voix s’élèvent pour inciter à consommer autrement, à prendre un peu de recul. Zero Waste et son défi « rien de neuf » ou la Camif qui appelle au boycott du BlackFriday. Mais quel est le souci avec la mode ?

Toujours plus de vêtements … de moins en moins portés

Dans les pays occidentaux, les ventes de vêtements sont soutenues par le développement d’une offre pas chère, standardisée, avec des collections qui se renouvellent plusieurs fois par saison et proposées dans toutes les villes du monde par des enseignes “fast fashion”. Et les quantités sont importantes, une française achète l’équivalent de 30kg de vêtements par an.

Pour les pays émergents, les vêtements sont un des premiers biens de grande consommation accessibles aux nouvelles classes moyennes.

Avec l’augmentation démographique, les ventes mondiales de textiles explosent : elles ont été multipliées par deux en quinze ans !

Pour vendre toujours plus, on assiste à un phénomène d’obsolescence des vêtements de plus en plus rapide avec une industrie qui pousse à une consommation effrénée. Les placards se remplissent de vêtements qui sont de moins en moins portés. Le nombre de fois où un vêtement est porté a baissé de 20% en 15 ans.closet

Si on raisonne en termes de flux de matières, chacun stocke dans ses armoires des kilos de coton, de laine et de fibres synthétiques non utilisés (70% de ce qui est dans nos placards n’en sort jamais).

Ce ne serait pas si grave si l’industrie de la mode n’était pas si polluante …

Le système actuel de production de la mode est très linéaire et consomme énormément de ressources. L’industrie textile est en réalité la seconde industrie la plus polluante au monde après l’industrie pétrolière !

coton

Un tee-shirt en coton nécessite 2500L d’eau pour sa production, du champ au magasin. Impressionnant non ? L’eau n’est malheureusement pas tout … Pour fabriquer nos tee-shirts, jupes, pantalons et autres pulls il faut beaucoup d’autres choses et les pollutions sont nombreuses.

Le pétrole, nécessaire en grande quantité pour fabriquer les fibres synthétiques mais aussi pour le traitement des tissus et pour produire les pesticides utilisés pour traiter un coton cultivé de façon intensive. 25% des pesticides utilisés dans le monde le sont pour la culture du coton.

Les microfibres et les nanoparticules, de plus en plus présentes dans les textiles pour les rendre plus étanches, infroissables ou encore hydratants, qui se détachent au cours du lavage et se retrouvent jusque dans les océans.

pollutionLes nombreux produits toxiques utilisés dans les colorants, le tannage du cuir, le blanchiment des fibres ou encore les flocages qui sont trop souvent rejetés dans les eaux usées, quand ce n’est pas directement dans les rivières. Ils entraînent des pollutions pour les milieux et de graves problèmes sanitaires pour ceux qui travaillent et vivent à proximité.

Les droits de l’homme qui sont trop souvent négligés pour alimenter les magasins d’articles toujours moins chers et en quantité toujours plus grande et toujours plus rapidement.

Du cultivateur de coton qui s’empoisonne avec les pesticides à la couturière qui travaille sans réel droit en passant par le filateur qui utilise et rejette les produits toxiques nécessaires au traitement des fibres, les dégâts humains et environnementaux sont considérables.

On est loin de penser à tout ça quand on achète un petit top à la mode …

Pourtant … nous sommes conscients de notre impact en tant que consommateurs quand nous achetons notre alimentation ou quand nous choisissons notre mobilité alors pourquoi pas quand nous nous habillons ?

Des solutions existent pour gérer différemment nos placards, tout en restant bien habillés :

  • Acheter moins de vêtements et les porter un peu plus souventparisperfectrentalsretro-e1450954499697
  • Faire circuler, donner ou revendre les vêtements qui ne sont plus portés plus au lieu de les « enfouir » dans nos armoires
  • Acheter dans des vide-dressings, des recycleries ou des sites de vêtements d’occasion
  • Acheter des vêtements à base de fibres naturelles et bio ou de fibres issues de matières recyclées
  • Acheter des marques responsables (We dress fair pour trouver les bonnes marques)
  • Il y a même des start-ups qui proposent de louer sa garde-robe !

Attention aux labels parfois ambigus comme le BCI (Better Cotton Initiative). Moins disant que le label bio en terme environnemental et humain, l’émission Cash Investigation a surtout pointé un manque de traçabilité entre la matière première et le fil de coton utilisé dans les manufactures. Un tee-shirt avec le label BCI pourrait ne contenir aucune fibre cultivée selon les règles du BCI. (Voir Cash investigation sur le BCI)

Grâce à des ONG, comme la fondation Ellen MacArthur, Zero Waste, HOP ou Fashion Revolution (#whomademyclothes) qui alertent l’opinion et font émerger des attentes nouvelles, les marques commencent à prendre en compte le problème et certaines tentent d’assainir le cycle de vie de leurs produits.

Malgré tout, c’est à chacun de faire des choix de façon plus éclairée et plus responsable. Si nous changeons nos façons d’acheter en nous interrogeant sur ce qu’il y a derrière les prix bas, les soldes et les promotions et si vraiment on a “besoin” d’un 10ème tee-shirt blanc nous pourrons contribuer à réduire significativement notre empreinte environnementale.

En ce sens le shopping est un acte citoyen.

Par Clémentine Fischer

 

Pour aller plus loin:

Fondation Ellen Mac Arthur

Obsolescence mode

Stella McCartney

Zero Waste “rien de neuf”

Brut. coton recyclé

Tout Compte Fait – mode petit prix

HOP – les collants qui filent

Fashion Revolution

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