En France, plus de 10 millions de tonnes* de « déchets » alimentaires sont jetés chaque année. « Ça fait mal au cœur » diront les uns, « c’est incompréhensible » diront les autres, voir « c’est inacceptable ! ».

Depuis janvier 2015, un hôpital des Yvelines met à disposition d’associations caritatives non pas ses « déchets alimentaire », mais ses repas produits en surplus afin qu’ils puissent être offerts à des personnes sans-abris. Deux distributions par semaines, les mardis et jeudis, sont une belle occasion de retrouvailles et d’échanges. C’est aussi le bon moment pour faire quelques jeux de société avec des personnes qui ont malheureusement tendance à s’isoler.

A priori, « donner pour ne pas jeter » est une évidence, pourtant les normes de respect de la chaine du froid ne sont pas si simples à respecter. Il aura fallu de la patience et de l’énergie pour que le projet aboutisse : trouver des associations « partantes », évaluer les quantités de légumes, féculents et viande, trouver un local d’accueil qui permette de réchauffer les plats, conventionner, former les cuisiniers de l’hôpital et les bénévoles, mettre en place les traçabilités… bref, changer nos habitudes… Quelques habitants du quartier se sont associés afin de compléter ces repas : un boulanger donne le pain, une des associations achète le fromage, des volontaires confectionnent des desserts pour pouvoir proposer un repas complet.

Deux fois par semaine donc, à 11h, les bénévoles se retrouvent au local pour dresser une jolie table et accueillir leurs invités. Pendant ce temps, l’un d’eux va chercher les barquettes en voiture. Les cuisiniers de l’hôpital font leurs dernières vérifications et tracent les quantités, les températures… Les denrées alimentaires sont ensuite mises dans des glacières acquises par une des associations. A leur arrivée au local, les températures des aliments sont vérifiées par les bénévoles selon le protocole établi. Les plats peuvent ensuite être réchauffés, et il ne reste plus qu’à servir et se régaler.

Le bilan de ce partenariat est positif, bien sûr, et ce n’est pas la première initiative de ce genre, un hôpital du sud de la France avait fait de même. Les établissements de soins sont de gros producteurs de déchets de toutes sortes. La redistribution, le compostage et la méthanisation pourraient venir à bout de leurs productions de « déchets », mais leur mise en place reste compliquée d’autant que les budgets ne vont pas encore dans ce sens. Les tutelles, quant à elles, s’emparent de plus en plus de ce type de sujets afin d’influencer les établissements à mettre en place d’autres actions de ce type. La politique des petits pas fait ses preuves, alors continuons à progresser avec nos p’tites bottes…

*alim’agri site du ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt-04 2015

par Maud Puechavy

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