par Nathan Sonalier (IGE 2018)

Doté d’une vision positive pour ses vertus sur la santé et ses capacités d’intégration et de socialisation, il semble pourtant que le sport, et plus particulièrement lors des grands évènements, peut avoir des impacts négatifs pour la planète.

Les Jeux Olympiques, par exemple, au-delà de l’impact économique, ont un impact écologique fort : ce sont en moyenne 10 000 athlètes provenant du monde entier, entre 150 et 200 camions de livraison, plusieurs dizaines de millions de repas servis, des dizaines de milliers d’ordinateurs et écrans, plus d’1 million d’articles sportifs.

  • A Londres en 2012, le village olympique a produit 3,4 millions de tonnes de GES, autant que 200 000 foyers européens en une année[1];
  • Lors des JO de 2016 à Rio, une réserve écologique en zone côtière a été détruite pour y créer la zone de golf des jeux. Dans ce même évènement, ce sont près de 17 000 tonnes de déchets, 3,6 millions de tonnes de CO2 rejetés[2].

Un autre sport, le vélo, n’est pas si bon élève en termes d’écologie. En 2012, ce sont environ 12 000 tonnes de déchets laissés sur les routes du Tour de France. Enfin, l’environnement est loin d’être champion dans une autre grande compétition de notoriété mondiale : la Coupe du Monde de Football ! Alors que la compétition en Russie battait son plein, Joseph Martin titrait dans RSE-Magazine : «Coupe du Monde, l’environnement déjà éliminé de la compétition». Et pour cause, comme lors des JO de Sotchi, la Russie n’a pas porté d’intérêt particulier à la gestion environnementale de la CDM: pas de stades alimentés par panneaux solaires (comme lors de la CDM au Brésil), 2,17 millions de tonnes de CO2 rejetés pendant 2 semaines, soit l’équivalent du rejet annuel de pays comme le Bénin ou la République du Congo.

Ainsi, à la vue de ces chiffres, l’environnement n’a pas souvent sa place sur le podium… Fort heureusement, celui-ci est de plus en plus pris en compte à petite ou grande échelle. Ainsi, par exemple, le 12 janvier 2017, les 20 plus grands évènements sportifs internationaux en France (Roland Garros, Tour de France etc.) ont signé « Les 15 engagements éco-responsables des événements sportifs » au Ministère des Sports[3], imposant comme critère le respect de l’environnement dans la gestion de ces évènements.

A travers l’ensemble du globe, de petites révolutions se mettent en place : en France, le stade de l’Allianz Rivera de Nice dispose de 4 000 panneaux solaires lui permettant de subvenir à ses besoins énergétiques, ainsi qu’à ceux de quelques quartiers environnants; au Mexique, l’Estadios Chivas recycle les eaux de pluie, s’alimente en énergie éolienne et a ses murs recouverts de végétaux en accord avec la faune et la flore locale. Autre exemple plus radical, Dale Vince, fondateur d’Ecotricity a racheté le club anglais de football des Forest Green Rovers pour en faire le club « le plus écologique au monde » : panneaux solaire, récupération d’eau de pluie, pelouse bio, construction d’un nouveau stade en bois et alimentation vegan[4].

Ces révolutions vertes ont de quoi inspirer les plus grands événements sportifs de la planète. Et c’est bien l’objectif des JO de Paris 2024. Les organisateurs ont décidé d’en faire la manifestation sportive la plus durable de l’histoire des Jeux Olympiques, en réduisant de 55% l’empreinte carbone des JO par rapport aux jeux de Londres en 2012. Pour y arriver 3 axes seront développés :

  • Transports : gratuité des titres pour les personnes disposant des billets ; Accessibilité en vélo ; flotte de véhicules zéro émissions ;
  • Objectifs énergies 100% renouvelables (par la rénovation de stades et bâtiments utilisés pour le Village Olympique)
  • Plan de renforcement de la biodiversité de la ville.

Si aujourd’hui l’environnement n’est pas une priorité dans le monde du sport, « Sport has the power to change the world » comme le disait Nelson Mandela, et le sport se doit d’être un accélérateur de la transition écologique. Infrastructures, réaménagement urbain, transports, modes de consommation doivent être pensés non seulement sur une période courte pour un impact le plus faible possible, mais surtout sur le long terme dans l’optique de pérenniser durablement ces modifications. A travers les JO, c’est un message fort qu’envoient la ville de Paris, et la France, sur leurs engagements en matière de transition énergétique et écologique.

 

 

 

[1] Jean-Damien Lesay, « Gros pollueurs, les événements sportifs tentent de se mettre au vert », RFI-Sport, 2013

[2] Severine Bascot, « Rio 2016, le bilan ne tient pas une forme Olympique », ConsoGlobe, 2016

[3] Site internet du ministère du Sport

[4] Alexis Danjon, “Forest Green Rovers, le club le plus écolo du monde », L’Equipe, 2017

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