par Alice Couillaux (RSEDD 2018)

 

Depuis les années soixante, on observe en France un phénomène migratoire baptisé « exode urbain ». Une première vague a eu lieu avec l’émergence du mouvement hippie, sensible à l’écologie et rejetant la société de consommation. La seconde s’est enclenchée dans les années 1990, avec un nouveau profil de « migrants » : une prédominance de jeunes adultes (entre 30 et 45 ans) accompagnés d’enfants en bas âges, quittent les grandes métropoles et leurs zones péri-urbaines pour s’installer à la campagne.

 

(1) http://ed-geographie-paris.univ-paris1.fr/ckfinder/userfiles/files/Pistre2.pdf

 

Ces mouvements de population ont cependant évolué sur ces 50 dernières années. Entre les années soixante et quatre-vingts, la polarisation urbaine s’est transformée en périurbanisation avec la formation des banlieues. Cette dernière se poursuit mais à un rythme bien moins soutenu dans les couronnes et grands pôles urbains (1). On parle depuis les années 2000 de diffusion ou exode urbain avec une hausse démographique portée par l’influence des grands pôles urbains : les territoires où l’on observe les plus fortes progressions sont les zones rurales sous l’influence de grandes métropoles, plus particulièrement sur la façade sud-ouest atlantique, en Occitanie et Auvergne-Rhône Alpes. Ainsi la présence d’une grande métropole favorise la croissance de population départementale.

Selon l’INSEE (2), cette tendance se confirme et s’est même amplifiée sur la période 2011-2016 : ainsi, la région Île-de-France perd 12.000 habitants chaque année, l’équivalent de la fuite de toute la population du 5ème arrondissement de Paris. Et en France, ce sont en tout 100 000 personnes qui prennent chaque année la clé des champs.

(2) https://www.insee.fr/fr/statistiques/3682672

 

Le paysage rural est ainsi en plein mutation avec la disparition de ce qui fut appelé le « désert français » : on assiste à une diffusion des flux migratoires dans les campagnes historiques de plus en plus attractives tandis que les espaces urbains et périurbains stagnent voire sont déficitaires.

Ainsi les espaces ruraux, qui représentent plus des 3/4 du territoire national, regroupent seulement 22,5 % de la population. Pourtant, deux tiers des citadins voient dans ces lieux des territoires d’avenir. L’arrivée de cette population en province a permis de relancer la croissance démographique et économique de certains territoires ruraux.

Mais qu’est-ce qui motive ces populations à abandonner leur vie citadine pour s’installer en zone rurale ?

Selon un sondage réalisé par IPSOS en mars 2017 (3), c’est avant tout la volonté d’améliorer leur niveau et leur cadre de vie avec un retour à la nature, un logement plus confortable (plus spacieux, avec jardin et/ou potager …) qui motivent leur choix. Ils fuient ainsi le stress et autres désagréments de la vie urbaine. Un coût de la vie plus faible ou éviter la pollution bien que significatifs, restent secondaires.

 

(3) https://www.groupama.fr/nos-guides-et-publications/enquete-neo-ruraux/infographie

 

Cette prime à la qualité de vie se retrouve dans la manière dont les néo-ruraux préparent leur installation. En effet, la connaissance précise de la future commune d’emménagement n’est pas un prérequis : C’est donc bien l’envie de s’installer à la campagne de manière générale et de bénéficier des avantages qui y sont liés qui motive les néo-ruraux.

A noter que la révolution numérique et, avec elle, l’apparition du télétravail est également un facteur qui entre en ligne de compte et pèse dans leur décision : c’est un aménagement qui peut leur permettre de réaliser leur rêve tout en conservant leur emploi.

Pourtant, vivre en zone rurale constitue une véritable rupture culturelle. L’environnement, le silence, les bruits et les habitudes sont très différents. Cela demande aussi une démarche active d’intégration : aller vers les autres, participer et s’investir dans la vie locale.

En dehors de leur travail, situé généralement en ville, la majorité des néo-ruraux vit principalement à la campagne et participe à la vie de la commune. Ainsi leur installation est une réelle réussite et elle s’accompagne d’une forte volonté d’intégration dans la vie locale. Ce point de vue est d’ailleurs partagé par les personnes installées depuis longtemps en zone rurale, avec lesquelles se nouent de bonnes relations et qui apprécient le dynamisme insufflé par ces nouveaux arrivants.

 

(3) https://www.groupama.fr/nos-guides-et-publications/enquete-neo-ruraux/infographie

 

Ces relations cordiales permettent à ces néo-ruraux de pouvoir dire qu’ils sont bien intégrés dans leur commune. Le fait d’avoir des enfants ou d’être en couple multiplie logiquement les occasions de tisser des liens avec les habitants, et donc de se sentir bien intégré.

L’installation en zone rurale, correspond ainsi au souhait des nouvelles générations de mettre en cohérence les sphères familiales et professionnelles et satisfaire leurs aspirations personnelles.

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